En 2009 le sud-coréen Hae-jun Lee réalise Des nouilles aux haricots noirs. Un film feel good qui parle de la solitude, de la maladie et de la rémission par l’amour.

Tentant de se jeter d’un pont, Kim Seong-geun se retrouve finalement sur l’île de Bamseom. Ayant survécu, il décide de rester sur l’île et d’apprendre à survivre, seul sur cette île déserte. Nous suivons alors les aventures de ce Robinson Crusoé des temps modernes et découvrons avec lui les moyens qu’il aura à disposition pour survivre. Mais ce dont il rêve le plus ce sont des nouilles aux haricots noirs…

Hae-Jun Lee, scénariste et réalisateur

Hae-Jun Lee signe ici son second film à la réalisation et au scénario et qu’en dire mis à part que c’est un véritable chef-d’œuvre ? Il nous livre un film rafraîchissant et convaincant tant sur le fond que sur la forme. Il y aborde la question de la solitude mais questionne aussi nos modes de vie urbains. En effet, il crée un fort contraste entre la ville – à quelques coups de rames seulement – et l’île déserte où le corps de Kim a fait naufrage.

CASTAWAY ON THE MOON 2 -  ©Banzakbanzak Film Production

Esthétiquement cela donne lieu à des plans très surprenants et à l’aspect organisé et imposant de la ville qui grouille s’oppose la désorganisation sauvage et la solitude liée à l’île. Un fort contraste qui permet de se demander quel est l’impact de nos vies citadines sur la nature environnante mais aussi de se demander comment nous survivrions sur une île véritablement déserte, qui ne serait pas souillé par les déchets que nous produisons. La vie sauvage, la vraie.

castaway-on-the-moon-3 -  ©Banzakbanzak Film Production

La ville est donc à la fois éloignée et toujours présente à travers les traces qu’elle a laissée sur l’île et même dans sa solitude, Kim est entouré par les déchets produits par sa société qui vont lui permettre malgré tout de s’en sortir.

 Une œuvre poético-absurde

C’est avec un ton légèrement décalé que le réalisateur aborde la question de la solitude et Des nouilles aux haricots noirs, hormis son titre, contient quelques trouvailles qui auront le mérite de vous faire sourire, voire rire franchement. À ce titre, nous noterons le talent des deux protagonistes très convaincants dans leurs rôles respectifs d’homme suicidaire qui retrouve goût à la vie et de femme souffrante qui va peu à peu se muer en une femme heureuse, tout simplement.

CASTAWAY ON THE MOON 4 -  ©Banzakbanzak Film Production

Les jeux de ces deux acteurs sont cohérents une fois combinés l’un à l’autre et laissent entrevoir une histoire d’amour pas comme les autres. Une histoire d’amour à eux. Avec une grande part de moments saugrenus. De ce film émane un grand potentiel poétique et humoristique qui sur certains aspects rappelle les réalisations de Jean-Pierre Jeunet. Une comparaison plutôt élogieuse mais que Hae-Sun Lee mérite amplement en vue du travail sur le scénario.

CASTAWAY ON THE MOON 5 -  ©Banzakbanzak Film Production

Mélangeant le banal et le peu banal, il crée la surprise et transporte le spectateur bien loin de son propre quotidien. Sensation « feel good » assurée à la fin du visionnage !

Hae-Sun Lee signe avec Des nouilles aux haricots noirs un film feel good parsemé d’idées plus ou moins saugrenues qui en font une œuvre à la fois absurde et poétique. Abordant la question de la solitude mais aussi de la rencontre amoureuse, c’est un savant mélange du Fabuleux destin d’Amélie Poulain et de Seul au monde. Le réalisateur y réemploi tous les codes liés aux films de survie et aux films romantiques tout en y injectant un brin de folie qui le rend unique et surprenant. Une œuvre qui donne envie d’en apprendre plus sur le cinéma sud-coréen mais aussi et surtout sur la carrière du jeune Hae-Sun Lee !

 

6 commentaires sur « Des nouilles aux haricots noirs : feel good absurde »

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