Il y a bientôt douze ans maintenant, Paprika, le film de Satoshi Kon, sortait en salles en France. Le film d’animation japonais, adapté d’un roman de Yasutaka Tsutsui, sera alors maintes et maintes fois récompensé. Aujourd’hui on vous donne trois bonnes raisons de voir ou revoir ce classique de l’animation japonaise.
Un nouveau traitement psychothérapeutique est inventé par une équipe de chercheurs. Grâce à un casque qui permet l’entrée et l’analyse des rêves des patients, les spécialistes peuvent mieux comprendre les traumatismes subis par les patients. Pour utiliser ce casque – le DC Mini – le thérapeute et le patient doivent tous deux être endormis. Mais cette invention placée entre de mauvaises mains pourrait s’avérer dangereuse. Toute personne utilisant une DC Mini peut entrer dans les rêves de n’importe qui afin de les manipuler…
Inception avant Inception
Yasutaka Tsutsui offre donc au lecteur un scénario alléchant qui sera par la suite adapté par Satoshi Kon. Un scénario qui n’est pas sans rappeler celui d’Inception de Christopher Nolan. Une coïncidence ? Pas vraiment. En effet, Christopher Nolan a toujours assumé s’être inspiré de Paprika pour réaliser son blockbuster en poupées russes. Mais alors chez Alberte on est plutôt Inception ou Paprika ? Paprika évidemment ! Sinon vous ne seriez pas là à lire ces quelques lignes. Pourquoi pencher pour Paprika ? Tout d’abord il est un peu à l’origine d’Inception, ce qui influence fortement notre petit cœur, évidemment. Mais ce n’est pas tout.

À nos yeux, l’œuvre de Satoshi Kon est beaucoup plus abordable sur le plan formel. Vous aurez beaucoup moins de chances de vous perdre dans l’histoire qui nous est narrée par le réalisateur japonais que celle que nous raconte Christopher Nolan. Les deux histoires si elles se ressemblent sur le papier, prennent néanmoins des chemins bien différents pour en arriver à des résultats qui le sont tout autant. Paprika comporte beaucoup moins d’imbriquements complexes dans les rêves mais n’en développe pas moins une ambiance assez remarquable. Cela en fait une œuvre vraiment à part qui ne vous laissera pas sur votre fin et que vous n’oublierez que très difficilement.
Univers déjanté et piment doux
Cette ambiance, cet univers justement, parlons-en. Satoshi Kon use d’un médium bien particulier, celui de l’image animée. Cela confère à son histoire un côté assez enfantin qui s’oppose aux images malsaines que comportent les rêves dans lesquels il nous fait voyager. Un contraste fort qui crée un malaise indescriptible. Une sensation à la fois repoussante et agréable pour une atmosphère dont on ne se lasse jamais. Au réel, sombre et inquiétant, Satoshi Kon oppose un monde des rêves qui, en apparence semble totalement déjanté et libérateur, mais qui en réalité se referme sur nos personnages tel un piège. Déformations physiques, téléportations involontaires dans l’espace et détails qui semblent insignifiants mais qui pourtant ne le sont pas, mènent le spectateur à ressentir ce que ressentent les personnages dans leurs rêves.

Un bien-être rapidement détruit par le sentiment que l’horreur, l’étrange, peu surgir d’un moment à l’autre. Dans ce monde qui illustre parfaitement la notion d’inquiétante étrangeté (Das Unheimliche en allemand… On vous en parlait déjà ICI, rappelez-vous !) théorisée par Freud, un personnage se démarque. Celui de Paprika, l’espiègle. Paprika c’est le personnage principal du film et elle lui donne toute sa fraîcheur. Double onirique d’Atsuko, elle est l’illustration de la volonté de cette dernière de tout contrôler. Le réel, les rêves, plus rien n’a de secret pour ce double personnage qui vous sera antipathique sous la forme de la scientifique et auquel vous vous attacherez sous la forme plus folle et aventureuse de Paprika. Rien que pour ce personnage à la fois très attachant et explosif, ce « piment doux », ce film vaut le détour.

Mais ce n’est pas tout. Les personnages de Konakawa et Tokita sont eux aussi très intéressants et attachants. Konakawa, le flic en pleine introspection sortira grandi de cette expérience onirique et, espérons-le, elle aura également fait grandir l’éternel enfant glouton qu’est Tokita. Mais cette ambiance et cet attachement à des personnages et à un univers enfantin n’auraient pas lieu d’être sans un élément primordial de ce film animé. La Bande originale.
Une B.O efficace
Comment parler de Paprika de Satoshi Kon sans évoquer le travail du compositeur japonais Susumu Hirasawa sur la bande originale. Composée d’une dizaine de titres, certains reviennent perpétuellement tout au long du film. Comme les boucles que créent les rêves qui se répètent, la bande-son se répète elle aussi.
Ces musiques mélangeant des chants «anciens» et des sons plus électroniques participent à la création d’une ambiance surréaliste. Au-delà de l’image, l’étrangeté provient donc également de la bande originale proposée par le compositeur. Une bande-son futuriste indémodable qui colle parfaitement à l’univers que nous propose de visiter Satoshi Kon. Alternant titres enfantins et assez gais (Parade, Mediational Field) et titres oppressants qui illustrent le danger et la recherche d’une échappatoire au monde des rêves (Escape, Prediction). Hypnotisante, cette bande-son ne sort pas de la tête du spectateur des heures voire des jours après son écoute. À l’image du film, elle alterne sons évoquant l’enfance et l’amusement avec des mélodies beaucoup plus inquiétantes. Elle s’accompagne de souvenirs des images du film. Le signe d’une bande-son réussie ? Assurément !
Univers sombre illustré par le doux format animé, Paprika est un film à l’image de son héroïne. Un piment doux à la fois effrayant, piquant et coloré, enfantin. Ajoutez à cela une bande originale qui colle parfaitement à l’univers que voulait créer Satoshi Kon et vous obtiendrez un très bon film d’inspiration. Paprika, le film qui inspira Inception.
Et toi, tu en as pensé quoi de Paprika ? Tu es plutôt Paprika ou Inception ? Tu as lu le livre de Yasutaka Tsutsui ? Ton avis nous intéresse aussi !
N’hésite pas à nous le dire en commentaire, on est ouvert à la discussion et aux critiques ici ↓ 🙂
J’en ai déjà entendu parler, ça a l’air assez dingue ! Il faut que je le regarde bientôt, tes petits gifs me font bien envie… 🙂
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chouette article. Je ne connais pas Paprika mais j’ai beaucoup apprécié Inception. Ta description me rappelle bizarrement un autre film sur le même genre d’expérience, quoique plus sombre, The Cell avec Jennifer Lopez. À l’occasion je me pencherai sur ce piment doux 😉
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Foooooooooooonce! Si tu aimes le cinéma un peu déjanté du type déformations physiques et réalisateur sous LSD, vas-y 🙂
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Tu m’en diras des nouvelles 🙂
Je ne connais pas du tout The Cell mais les images après une rapide recherche internet me donnent envie! Je vais tenter ça je crois! 😉
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Ça y est, j’ai enfin revu Paprika ! Merci de m’y avoir fait repenser, j’ai adoré ce revisionnage ! J’ai aussi écrit ma critique, bien moins complète que la tienne, donc j’ai enfin pu lire ton article !
C’est marrant, je ne suis pas d’accord avec toi sur la complexité d’Inception et de Paprika. Je trouve Inception bien plus simple que Paprika, avec un emboîtement des rêves plus facile à suivre. Dans Parika, je trouve que le mélange réalité/rêve se fait de manière plus anarchique, plus inattendue. Même s’il n’y a pas les emboîtements d’Inception. Inception, si tu restes réveillée et que tu suis le truc, je ne le trouve pas si complexe que ça.
Ce gif de Paprika éventrée est atroce ! Cette scène m’a mise tellement mal à l’aise alors la voir comme ça, en boucle… je trouve ça horrible ! ^^
Tu parles super bien de la BO ! Je la trouve absolument géniale. La musique de la parade est extra (ça tombe bien vu qu’elle revient souvent !) et elle reste bien en tête !
Super article en tout cas !
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Génial ! Je fonce chercher ta critique 🙂
Ah oui? Peut-être que j’ai eu une absence cérébrale devant Inception ? Et puis aussi pour être tout à fait sincère, je n’aime pas trop Marion Cotillard! Peut-être que son jeu d’actrice m’a perturbée aha
Il faut que je le revoie en étant tout autant à fond que devant Paprika!! 🙂
Je m’attendais tellement pas à cette scène! Très malaisante et en même temps j’adore quand il y a déformations physiques sur des persos et qu’on touche au monstrueux #psychopathe ^^
Merci beaucoup ! Oui, une BO vraiment au top ! J’ai jamais été autant marquée par une bo de film j’crois…
Merci merci, ça me touche!
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Euh, en fait, je l’ai écrite mais elle n’est pas encore sur le blog. Je la poste samedi !
Je ne sais pas, après on peut tout à fait avoir des avis différents et bloquer sur des aspects différents ! (Je suis assez d’accord pour Cotillard, je ne vais pas dire qu’elle me dérange au point de me perturber mais je n’étais pas enchantée de la voir.)
Ah oui, c’est le genre de scène qui confère au film son aspect glauque, flippant, j’aime bien aussi, mais ça n’en est pas moins glaçant !
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Très juste! J’ai lu et commenté directement sur ton article !
Je fais une fixette sur cette actrice aha
Glauque, c’est le mot! 🙂
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