C’est le grand événement de 2018 dans le monde du cinéma. Le dernier film de Wes Anderson est annoncé pour avril et marque le grand retour du réalisateur après quatre ans d’absence dans les salles.

Kobayashi, le maire de Megasaki décide la mise en quarantaine de tous les chiens de la ville qui sont envoyés sur une île surnommée « l’Ile Poubelle ». Elle devient alors une Ile aux chiens où ces derniers doivent survivre entourés de déchets. Atari a 12 ans et est le pupille du maire autoritaire. Avec son avion et tout son courage, il s’envole vers l’île aux chiens pour retrouver celui qui était devenu son animal de compagnie : Spots. Il fait alors la rencontre de cinq chiens qui vont l’aider dans sa recherche. Cette bande d’aventuriers risquent de découvrir derrière la mise en quarantaine de l’ensemble de l’espèce canine une conspiration bien plus grande qu’eux.

L’aventure selon Anderson

Avec ce second film d’animation, Wes Anderson signe un nouveau film d’aventure. On retrouve en effet tous les éléments du genre : un petit garçon plein d’énergie qui part à la découverte d’un nouveau territoire sur lequel il rencontre des personnages qui vont lui venir en aide. Un voyage, une amitié et des ennemis à combattre pour faire triompher le bien. Voilà typiquement l’image que l’on se fait de l’aventure. Et l’œuvre de Wes Anderson n’y échappe pas même si ici, il va plus loin.

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L’île aux chiens… et l’écologie dans tout ça ? – ©Twentieth Century Fox France

En effet, au-delà d’une simple suite de péripéties, le réalisateur nous expose une réelle situation sociale. Un régime autoritaire, des fonds de corruption et un véritable questionnement sur des problématiques modernes. Il dépasse donc l’image de l’aventure avec ses personnages très simplifiés et sa suite d’événements menant simplement à créer un suspense ainsi qu’une forme d’adrénaline chez le spectateur. Si son histoire se déroule dans un Japon dystopique et donc imaginaire, il ne s’en questionne pas moins sur des sujets sociétaux qui, eux, s’inscrivent bien dans notre temporalité.

Entre tradition et contemporanéité

Wes Anderson met donc en évidence des problématiques très contemporaines liées à la culture du Japon. Cette île offshore sur laquelle vivent des chiens malades entourés de déchets questionne sur le traitement des déchets mais nous permet également d’en apprendre plus sur le mode de vie des Japonais. On peut en effet se questionner sur la gestion de l’espace sur un territoire insulaire. Wes Anderson dépeint donc une société futuriste qui s’inspire grandement du Japon actuel. Il ne manque pas néanmoins de faire appel à des images qui rappelleront forcément au lecteur la tradition nippone. Théâtre Nô, Geta, architecture proche des temples japonais. L’ensemble de ces éléments devrait vous plonger dans une ambiance proche de l’image que l’on se fait du pays. Le tout sans tomber immédiatement dans le cliché.

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Combattant en habits traditionnels… dans un parc d’attraction abandonné – ©Twentieth Century Fox France

De manière très juste Wes Anderson nous décrit un Japon entre tradition et modernité et pour nous immerger plus encore dans la culture nippone, fait le choix de ne pas traduire les dialogues en japonais. Ou du moins, ils ne sont traduits que partiellement par un système très ingénieux. En effet, par une mise en scène bien réfléchi, l’ensemble des discours en japonais sont diffusés à la télévision ou lors de conférences et sont donc traduits par… des traducteurs que l’on voit travailler derrière leurs caméras. Une sorte de mise en abyme de ce qui se passe derrière la caméra loin d’être déplaisante. Si elle surprend au début elle finit par convaincre le spectateur à chaque fois.

Melting-pot Andersonien

Mais au-delà même de la culture japonaise, Wes Anderson disperse dans son film des clins d’œil à des lieux communs que le spectateur percevra, ou non. Certains plans reprennent par exemple les codes du Western, d’autres font référence au cinéma d’animation. On retrouve même un plan reprenant une très célèbre photographie (saurez-vous retrouver la scène en question?). Comme à son habitude il sème des clins d’œil tout au long de son film – que chaque spectateur interprétera selon ses propres références – et soigne sa mise en scène, ses choix artistiques. Nous relèverons en ce sens la cohérence du doublage en version française. Qui mieux que Vincent Lindon pour doubler Chief ? Personne.

 

 

 

 

 

 

Finalement, il est impossible de se méprendre sur la provenance de ce film tant il reprend tous les thèmes et les plans chers à Wes Anderson. Dans Isle of Dogs, les gros plans et les zooms avant sont rois. À chaque nouvelle séquence, on reconnaît la patte de l’Américain. Dès les premières secondes du film même, il est impossible d’ignorer qui se cache derrière la caméra. Qui d’autre que Wes Anderson découpe chacun de ses films par chapitres, comme dans un roman… d’aventure ?

Avec Isle of Dogs, Wes Anderson fait du Wes Anderson. On reconnaît bien là ses obsessions et ses plans uniques. Il nous transporte avec son nouveau film d’aventure dans des contrées éloignées qu’il nous dépeint entre tradition et modernité sans jamais tomber dans le cliché. Enfin il nous livre un film très soigné sur tous les plans (traitement de l’image, doubleurs, choix narratifs, bande originale immersive,…) et à la fin de la séance, on comprend mieux pourquoi il nous a fait attendre aussi longtemps. Nous attendons le prochain Wes Anderson avec impatience ici (oui, déjà) et prions pour qu’il ne tombe jamais dans une caricature de son propre style.

 

9 commentaires sur « Isle of Dogs : Wes Anderson nous emmène dans une nouvelle aventure »

  1. J’avais pas lues de critiques ni vues la bande annonce pour me laisser la totale surprise mais j’ai vu tellement d’articles passer sur Twitter que je sentais que tout l monde était euphorique et en parlait donc j’avais peur ahahaha

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